La langue basque célébrée en chanson
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Le documentaire L’origine de la langue basque : une énigme européenne
Vers 17 heures, une quarantaine de personnes s’est rassemblée devant le grand écran du premier étage pour voir ou revoir le documentaire produit en 2011 sous la direction de Hasier Etxeberria et dont les sous-titres ont été réalisés en 2013 par les élèves et enseignants de la section Gau Eskola.
Le documentaire a rappelé que de nombreux linguistes se sont penchés, durant près de deux siècles, sur les liens possibles entre l'euskara et d'autres langues parlées en Europe ou dans le reste du monde (les langues celtiques, le berbère, le géorgien, l'inuit, …). Selon le spécialiste américain Larry Trask, ce sont ainsi des dizaines de langues auxquelles on a essayé de relier l'euskara, sans succès. Par ailleurs, le documentaire a fait découvrir des théories plus que surprenantes : le généticien anglais Stephen Oppenheimer par exemple, dans son ouvrage « l'origine des britanniques », a montré qu'une grande partie des habitants de l'Europe Occidentale descend en fait des populations « basques » qui ont colonisé le continent à la fin de la dernière période glaciaire. Si on ne peut certes pas affirmer que ces ancêtres parlaient déjà le basque, il y a 15000 ans, il ne fait pas de doute que leur origine géographique se situait dans la zone refuge franco-cantabrique, englobant notre Pays Basque actuel. C'est donc à travers un documentaire très complet et très intéressant que les spectateurs ont dû se résoudre à accepter une conclusion singulière : dans l'état actuel des choses, la langue basque est considérée comme isolée, elle n'a pas de lien de parenté avec les autres langues ni en Europe ni ailleurs dans le monde.
Bien entendu, les échanges à l’issue de la projection se sont rapidement tournés vers une découverte récente majeure dont la presse s’est fait l’écho au mois de novembre 2022 : une main en bronze, datée du Ier siècle avant J.-C., sur laquelle figurent des inscriptions en caractères ibériques a été trouvée sur un site archéologique près de Pampelune. L’équipe du centre de recherche scientifique basque Aranzadi, qui pilote les travaux, y a identifié une inscription en proto-basque, sorioneku. Elle se rapproche de zorioneko, que l’on peut traduire par “de bonne fortune” en euskera. Cette main aurait été accrochée à la porte d’entrée d’une maison en signe de bienvenue et de vœux pour ses habitants et ses visiteurs. Selon le professeur Joaquin Gorrochategui de l’université du Pays Basque « cette pièce bouleverse nos connaissances sur les Vascons [ancêtres des Basques] et l’écriture. Nous étions presque convaincus que les Vascons étaient analphabètes durant l’Antiquité et qu’ils n’utilisaient pas l’écriture, sauf pour frapper des pièces de monnaie”. Décidément le peuple et la langue basque ne cessent de nous dévoiler leurs mystères et n’ont pas fini de nous intriguer.
Les chants basques et la soirée « euskaraoke »
A l’heure de l’apéritif, afin de célébrer la langue basque tout en préparant la soirée festive à venir, un public curieux et intrigué est venu participer à l’atelier Euskara kantuz (la langue basque en chanson). En prenant appui sur les chansons entonnées par Hélène, issues du répertoire de Kantuz, Patrick a illustré plusieurs spécificités ou bizarreries grammaticales, organisées en deux grandes questions : pourquoi la langue basque est-elle facile ? Pourquoi la langue basque est-elle difficile ? Entre déclinaisons et conjugaisons, régularités et irrégularités, ergatif et absolutif… la promenade syntaxique entrecoupée de chants mélodieux a conquis le public.
Vers 20 h, la salle de restaurant Topa était pleine à craquer pour le lancement du premier Euskaraoke de l’histoire de la Maison Basque de Bordeaux. Comme dans tout Karaoke, les convives étaient invités à choisir une ou plusieurs chansons dans une liste comportant près d’une centaine de propositions, pour venir ensuite les interpréter au micro, accompagnés si besoin des chanteurs du groupe Kantuz. Tous ont joué le jeu de manière remarquable : les novices comme les habitués se sont succédés sur scène dans une ambiance joyeuse et conviviale. Si les classiques du répertoire ont eu la faveur du public (guk euskaraz, arrantzaleak, lau teilatu, … ) l’adaptation de Bella Ciao associée à l’interprétation de Loretxo a libéré une énergie folle, à faire vibrer les murs de notre Euskal Etxe. Ce fut une soirée Karaoke inoubliable et sans doute la promesse d’une nouvelle édition à venir.
Patrick Urruty (Gau Eskola), Hélène Héguy (Kantuz)